Lycée Léon Gontran DAMAS

Quel plaisir a été donné aux élèves de l’enseignement d’exploration « Littérature et société » et des Secondes A et J avec Mme Wernoth, ainsi qu’à ceux de la classe de Première Littéraire avec Mme Dupuy-Bouthier d’avoir pu rencontrer le vendredi 03 février 2017 un auteur guyanais.
C’est Pierre-Appolinaire Stephenson, l’auteur de recueils de poésie comme Mots-Mêlés (2010) et Incandescences (octobre 2012) mais aussi des Fables de Guyane (novembre 2014 tome 1, novembre 2016 tome 2) qui est venu en personne dans notre lycée à la rencontre de ses jeunes lecteurs.

Il a pu se présenter aux élèves impressionnés par son palmarès : champion de judo, enseignant, policier, formateur et maintenant écrivain, poète… mais en se gardant de se mettre en avant et avec une forte mise en garde des élèves contre le narcissisme.

Il a toujours aimé chez Esope, le « père des fables », son courage. Ancien esclave noir, Esope, le Numide lettré dit "Le boiteux" vivant il y a deux mille cinq cent ans en Grèce a réussi à écrire des fables qui nous sont parvenues et ont inspiré Jean de la Fontaine, ce qui a permis à ce genre mineur qu’est la fable d’acquérir une reconnaissance dans le domaine des Lettres au XVIIIème siècle.
Une filiation entre ces fabulistes et Pierre-Appolinaire Stephenson s’est crée tout naturellement.

Un jour qu’il se promenait au sentier du Rorota de Rémire-Montjoly, un agouti effrayé par la chute d’une branche de bois canon l’a fait rire. Il écrivit en rentrant chez lui sa première fable « L’agouti effrayé » qui imagine un tigre à la place de la branche. Un autre jour qu’il méditait au bord de la mangrove, il a vu une aigrette aux pattes plantés dans la vase. Tandis que l’échassier secouait son bec et tentait de se désenvaser, il songea à l’absence d’aide que ressentait ce mangeur de crabes. Sa seconde fable, « L’aigrette et le crabe », naquit de cette observation.

Les récitations et lectures de certaines de ses poésies et fables, ont été des moments de partage sur les thèmes de l’amour, de la vie, de la famille et bien d’autres. Les élèves ont été visiblement touchés de voir transparaître cette sincérité dans l’écriture, cette connaissance sérieuse du milieu naturel guyanais et cette envie de passer des messages utiles à la jeunesse actuelle aux prises avec le racket, la drogue, le harcèlement mais aussi avec la construction de soi ou encore la quête du bonheur.
Valoriser les jeunes, leur montrer qu’ils peuvent être fiers d’être guyanais, valoriser la langue locale qu’est le créole guyanais, encourager au vivre-ensemble… autant de défis que souhaite relever le poète.

Au-delà de la morale de ses textes, le poète nous a montré que beaucoup de temps et d’endurance sont nécessaires pour parvenir à un résultat pleinement satisfaisant. Nos écrivains en herbe ont ainsi mieux saisi la profondeur de la relation de l’auteur avec son écriture. Pierre-Appolinaire Stephenson a su leur transmettre cette passion, cet amour du travail, cette musicalité tous au service de la volonté de parvenir à dire ce qu’on a au fond de soi.